Lilia El Golli

nous présente les fruits de son confinement …

Le Silence

Il m’a fallu une dizaine de jours après le début du confinement pour tout éteindre et prendre la mesure du silence qui régnait.
De ces petits moments où un déclic se réalise en ¼ de seconde.Une plénitude décidée versus un confinement imposé. Un chemin s’ouvrait.

Je me suis réfugiée dans mon garage où je bricolais avec 3 fois rien des contenants pour mon jardin naissant. La clé était là, laisser faire mes mains,
passant d’une ponceuse à une binette, et laissant en jachère mon mental, le temps de se ré-inventer, d’épurer tous les vieux mécanismes, de les
élaguer du superflu.

Le confinement a été une période révélatrice, les « vrais » visages apparaissaient petit à petit, avec la cocasse idée que l’on nous demandait d’ajouter
un masque de plus à ceux déjà existants. La pirouette m’a beaucoup amusée et m’a encore plus incitée à faire un mètre supplémentaire dans mon
garage et mon jardin.

Dans ce silence des plants qui poussent, j’ai tout ralenti, me mettant au diapason de la période, la vivant pleinement. Le plus intéressant et intense
dans le chemin d’Ithaque n’est-il pas la route parcourue et non la destination finale ?
A partir de ce moment là, les découvertes humaines et terrestres se sont multipliées, subtilement patinées de « Matin des Magiciens ».

Et inlassablement, cette phrase d’Henry James, énoncée par la voix de Sally Mann, qui tournait dans ma tête :
“We work in the dark – we do what we can – we give what we have.
Our doubt is our passion, and our passion is our task.
The rest is the madness of art.”

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