Hana Mtir

nous présente les fruits de son confinement …

Éclatement rythmé

Éclatement rythmé est l’intitulé de ce projet qui représente des formes suspendues dans l’espace par des fils de pêche, façonnées de terre et de fils de fer, dont l’ensemble forme une anamorphose d’un squelette de main qui ne s’évoque qu’à travers un seul point de vue. Chaque forme est importante pour que le tout soit cohérent. Chacune, indépendamment des autres, représente l’hybridation entre deux matières différentes, l’argile et le fer. La terre étant l’un des quatre éléments naturels et essentiels à la vie humaine, qui souvent dans les mythes religieux représente la base du modelage de l’être humain, et qui s’homogénéise avec les cadavres afin d’en faire des aliments nutritifs aux plantes et par la suite aux autres êtres vivants. C’est une matière qui peut à la fois être malléable, solide et cassable.
La deuxième matière est le fer, en forme de fils bien polis qui en se pliant créent un dessin dans l’espace ; des enchevêtrements dont l’ensemble crée une forme géométrique complexe. Cette forme abstraite est formée d’une ossature indispensable à la création d’un tout figuratif. Le tout dont je parle est cette main flottante et éclatée, qui n’existe qu’à l’existence d’un œil qui la regarde d’un point de vue précis. Ne serait-ce rien d’autre qu’une illusion d’une main ? Une main tangiblement inaccessible, qui en s’en approchant, éclate progressivement. C’est une question qui peut aussi se poser à propos de l’illusion d’une interactivité virtuelle dont le monde actuel partage lors d’un confinement permanent qui dépasse celui du corps.

La combinaison et l’assemblement de deux éléments naturels, l’un organique et l’autre inorganique, l’un dans sa forme élémentaire et l’autre industrialisé, façonnant une main à la fois décomposée et interdépendante, nous renvoie d’une part au côté organique, qui relie l’homme à la nature et qui le remet dans sa condition physique limitée, d’autre part à une vision hybride du corps humain qui est à la recherche d’une nouvelle perfection plus solide et persistante, basée sur une carcasse insensible aux ondes et aux virus qui transpercent son armure.
Ce projet, analogue à une revisite des cabinets de curiosité, révèle le contraste qui se trouve entre une atmosphère « archaïque » qui peut d’un point de vue actuel remettre de plus en plus en question l’origine de l’homme, sa fragmentarisation ainsi que son statut humain et une ère numérique où toutes les normes sociétales et humaines ont éclaté à la recherche d’une nouvelle reconstitution, qui désormais, après ce moment de confinement « physique » qui paraît oppressant, semble encore plus normalisée, structurée et submergée par  l’illusion.
D’où la manipulation.

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