Mouna Jemal Siala

nous présente les fruits de son confinement …

Mkhammes

L’idée du projet est née pendant la période de confinement qui a touché pratiquement le monde entier. On s’est trouvé obligés de rester chez soi et de ne pas sortir. J’avoue qu’en tant qu’artiste j’apprécie l’isolement. En restant chez moi je me protège, je protège ma famille, mes amis, ainsi que le monde. J’ai eu l’impression d’avoir tout le temps nécessaire qui me manquait pour terminer mes projets artistiques entamés. Je me suis vaquée les premiers jours à travailler à plein temps mais, très vite, j’ai perdu les deux notions d’espace et de temps.

Ajouter à cela le sentiment d’angoisse et de peur de ce qui nous attend, mon quotidien a changé. Ma perception globale du temps en tant que rythme de vie à changé. J’ai eu non seulement l’impression que la terre s’est arrêtée de tourner mais que le temps aussi est à l’arrêt. Vient alors le temps de l’ennui. Mes deux mains jointes, doigts emmêlés, mes deux pouces se mettent à tourner l’un autour de l’autre, comme le font les vielles personnes dans certaines cultures, notamment la notre.  En effet, cette gestuelle des mains et des doigts est un véritable mécanisme de substitution. Le cerveau devient occupé par le geste et cela donne l’impression que le temps tourne et avance. Voilà comment j’ai pris cette première séquence vidéo minimaliste de dix secondes en boucle pour concrétiser l’attente. Le temps de l’attente d’on ne sais quoi !

Nous sommes cinq personnes confinées à la maison, mon mari et mes triplés de seize ans. Ils ont été souvent complices dans mes projets artistiques, c’est pour cela que j’ai voulu les associer et continuer à prendre quatre autres vidéos de chacun d’eux séparément répétant le même geste. Par la suite j’ai commencé à faire des montages d’images, à lier nos bras de façon à avoir une forme de pentagone, j’ai fait tourner en décagone et ainsi de suite pour jouer sur la notion du temps qui tourne.

J’expérimente numériquement ces vidéos, je multiplie les images sur un pattern de trame et suggérer l’infini. Le prolongement montre ainsi la relation entre l’espace et le temps. La symbolique du pentagone est multiple. Léonard de Vinci n’a–t-il pas déjà représenter l’Homme comme un Pentagramme. De cette figure géométrique signe du microcosme naît le macrocosme.

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