Sikatriks

Sikatriks

Exposition personnelle de Salah Hmida

du 16 au 31 décembre 2023

au El-1 de Elbirou

 

 

« Ne t’attristes pas de ta blessure, sinon, comment la lumière peut-elle se faufiler intimement en toi ? ».
Djalâl ad-Dîn Rûmî

 

Les recherches plastiques de l’artiste « déambulent » d’une manière holiste, entre d’une part, ses expériences vitales, corporelles, philosophiques, psychiques, sociologiques et particulièrement esthétiques, et, d’autre part, entre ses cicatrices corporelles.

Ses expérimentations, qui se veulent en même temps fines, tranchantes, existentielles et poïétiques, nous invitent à ausculter philosophiquement la notion de « plaie » ; celle de la « cicatrisation du corps» qui n’ont cessé d’alimenter son œuvre.

Sa chair « blessée » et son corps « habité », conçoivent des traces corporelles et expérientielles qui s’élaborent dans son intimité profonde. Dans ses  recherches plastiques, l’intime se veut à la fois pénétrant et poignant; il frappe incisivement  tout en faisant transparaître le conflit ontologique comme une réalité de l’existence humaine.

Considéré comme un instrument de connaissance véritable à même de mieux comprendre le fonctionnement de son corps, l’histoire de celui-ci se révèle comme la larve d’un existé qui conserve profondément ses traces et ses cicatrices corporelles. Ce qui peut se dévoiler « historique » en soi est étroitement lié  à l’ordre identitaire personnel et « collectif » dans la mesure où le consensus identitaire des sociétés fréquentées par l’artiste se forge via son histoire personnelle voire corporelle.

Dans tous les domaines de la création, il est moins nécessaire de traduire le monde extérieur que de reconnaître les instruments plastiques qui permettent de le percevoir. Il devient aussi important d’analyser les expériences susceptibles de favoriser une certaine « inscription corporelle » (Varela), de l’opérateur dans les reconnaissances de l’intime de chacun.

Au plan plastique, le cheminement de l’artiste comporte quatre genres artistiques : la photographie comme manière de « capter » les cicatrices, lesquelles risquent de changer de forme et de disparaître ainsi avec le temps. La peinture, comme genre plastique ancestral, la plus à même d’offrir la possibilité de « rendre l’invisible visible», (Klee). L’in-situ en tant que mise en scène des représentations du protagoniste dans l’espace. Enfin, la vidéo-performance conçue comme une invitation à « ré-ouvrir » les cicatrices de chacun dans l’objectif d’établir une auto-régénération « ontologique ».

Le mélange des genres artistiques a pour visée fondatrice, fondamentale, d’ouvrir les « portes de perception», (Huxley), afin  d’expérimenter les recherches chirurgicales et plastiques de l’artiste d’une manière «individuellement collective ». Désormais, l’hybridation des genres pourrait-elle envelopper l’analyse et la réflexion de chacun d’une manière corporelle, scientifique, esthétique et plastique ?

Pr. Nizar Ben Sâad